[Traduit de l’anglais]
Il y a quatre ans cette semaine, il n’y avait qu’un seul sujet à l’esprit des Canadiens : la pandémie naissante de COVID-19. Des écoles et des entreprises ont été fermées dans la majeure partie du pays. Le nombre de décès a été effroyable : près de 1 900 personnes ont été tuées au cours de la première semaine complète du mois. En tout, environ 4 300 Canadiens mourraient en mai, avec des vagues d’infection et de décès beaucoup plus brutales à venir.
L’histoire est bien différente aujourd’hui. Grâce au développement rapide, à l’approbation et à la livraison des vaccins – une réalisation humaine incroyable qui n’est pas assez célébrée – la COVID-19 a été mise au pas et est maintenant largement considérée comme une maladie virale de plus, comme la grippe ou le rhume. La disponibilité de trousses de dépistage à domicile signifie que la plupart des personnes infectées par les dernières variantes du virus du SRAS-CoV-2 peuvent gérer la maladie à domicile et ne jamais nuire au système de santé.
C’est bien, mais cela cache le fait troublant qu’il est difficile de discerner des politiques cohérentes à n’importe quel ordre de gouvernement pour poursuivre la lutte contre la COVID-19, pour composer avec ses effets à long terme ou pour se préparer à une autre pandémie.
D’abord et avant tout, la pandémie se poursuit. Bien que les taux d’infection soient stables, il y a encore eu 3 320 nouveaux cas et 94 décès entre le 7 et le 20 avril, selon les données fédérales. C’est plus de six morts par jour. Et le nombre de cas est sous-estimé, étant donné que de nombreuses personnes ne se donneront pas la peine de signaler un test positif à domicile au gouvernement.
De plus, il y a une « crise de la COVID longue » au Canada, au cours de laquelle les symptômes – parfois débilitants – durent des mois, voire des années. Un rapport de Statistique Canada de décembre dernier a révélé que 2,1 millions de personnes avaient de longs symptômes de la COVID en juin 2023.
Pendant ce temps, les taux de vaccination ont chuté. À peine une personne sur cinq avait reçu la dose recommandée pour son groupe d’âge et son état de santé à la fin de février, selon des données fédérales. Même les taux pour les personnes âgées vulnérables ont chuté. Seuls 55 % des personnes âgées de 70 à 79 ans et 61 % des personnes de plus de 80 ans ont reçu la dose recommandée.
Il est tout aussi préoccupant qu’il n’y ait jamais eu d’enquête publique sur la gestion de la crise. Cela signifie que le public peut avoir peu confiance que, dans une épidémie ou une pandémie future, il n’y aura pas de répétition du fameux piège de l’Ontario, où le gouvernement provincial a mis des millions de dollars d’équipement de protection individuelle dans un entrepôt après l’épidémie de SRAS de 2003 à Toronto, puis a laissé le contenu expirer sans être remplacé, ce qui a contribué à une pénurie d’EPI pendant la crise de la COVID.
Ottawa a signé une entente de 10 ans avec une entreprise montréalaise pour la fourniture de respirateurs N95 et de masques chirurgicaux, mais cela ne compte guère comme un plan complet pour constituer une réserve nationale d’EPI disponible dans chaque province.
Sur le front de l’approvisionnement en vaccins, Moderna, l’un des développeurs du vaccin à ARNm contre la COVID, ouvre une usine à Montréal cette année qui fournira à Ottawa un minimum de 30 millions de doses par an. L’installation effectuera également des recherches sur les virus émergents et mettra au point de nouveaux vaccins.
Mais cette bonne nouvelle ne peut cacher le fait qu’il n’y a pas de planification conjointe fédérale-provinciale pour gérer la prochaine pandémie. Il est plus juste de dire que les provinces et Ottawa fonctionnent en vase clos, ne faisant apparemment pas beaucoup d’efforts pour coopérer à l’échelle nationale et s’occupant plutôt de préoccupations politiques partisanes.