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Des histoires de grand-mère

L’auteure décèle plusieurs points faibles dans le discours de la Santé publique du Québec au sujet de la prévention de la COVID, notamment en ce qui concerne la vaccination et la propagation du virus.

Grand-maman Germaine aimait raconter des histoires. Souvent, je m’endormais près d’elle, bercée par les aventures du Petit Poucet. Elle aimait aussi parsemer nos journées de nombreux conseils, et ce n’est que plus tard que je me suis rendu compte qu’ils étaient eux aussi des histoires de grand-mère. Combien de fois m’a-t-elle répété : « Mets ta tuque, tu vas attraper un rhume ! » En étudiant la médecine, j’ai vite compris que porter ma tuque ne m’empêcherait pas d’attraper un virus !

Ma grand-mère est morte depuis belle lurette, mais d’autres ont pris la relève et racontent à leur tour des histoires de grand-mère. Prenez, par exemple, la Santé publique du Québec : en 2025, elle continue de nous répéter de nous laver les mains pour ne pas attraper la COVID. S’il est vrai que se laver les mains permet de prévenir d’autres infections (comme la gastro), cette mesure n’est pas efficace pour se protéger de la COVID.

Présentement, je passe malheureusement beaucoup de temps à l’hôpital et partout, je croise de belles affiches colorées, de nombreux distributeurs de désinfectant pour les mains et très peu de vrais masques de protection respiratoire (N95).

Étrange alors que, malgré toutes ces mains propres, durant la semaine du 7 au 13 septembre, un patient sur quatre hospitalisé et ayant la COVID au Canada a été infecté lors de son séjour à l’hôpital⁠1. Pas très efficace, ce lavage de mains… et pourtant, on nous demande encore de redoubler d’efforts.

Il y a déjà quatre ans que l’Organisation mondiale de la santé a finalement reconnu que le virus de la COVID se propage par les aérosols (de fines particules en suspension) infectieux que nous produisons lors d’une infection simplement en respirant. Pas besoin d’éternuer ou de tousser des gouttelettes, il suffit de respirer pour propager ces bioaérosols. Cela explique pourquoi, même sans symptômes, on peut transmettre la COVID. On comprend aussi pourquoi les rencontres à l’extérieur demeurent plus sécuritaires. Dehors, les aérosols contaminés se diluent ou sont emportés par le vent, tandis qu’à l’intérieur, ils s’accumulent au fil du temps, surtout si la ventilation est mauvaise.

Rappelez-vous l’hécatombe au CHSLD Vigi Mont-Royal, où une ventilation défaillante a conduit à l’infection de 148 employés et de tous les 226 résidants⁠2. Tragiquement, 70 d’entre eux sont décédés. Si la transmission se faisait par gouttelettes, la ventilation n’aurait eu aucun effet. Les aérosols infectieux, comme la fumée de cigarette, flottent dans l’air, portés par les courants sur des distances qui ne se limitent pas aux deux mètres « magiques ». Au Québec, la Santé publique a remplacé ma grand-mère Germaine. Si vous ne voulez pas attraper la COVID, c’est l’air qu’il faut nettoyer… pas vos mains.