Press "Enter" to skip to content

Le dépistage des maladies dans les eaux usées de l’Ontario doit prendre de l’ampleur, et non se rétrécir | Opinion

[Traduit de l’anglais]

Imaginez, si vous voulez, un système de surveillance des maladies qui ne repose pas sur des tests coûteux et douloureux. Cela ne nous oblige pas à faire des prélèvements dans le nez, des aiguilles dans les bras ou même à répondre à des questions banales sur les symptômes. Ce système nous demande plutôt de vaquer à nos occupations quotidiennes, de dormir, de nous réveiller, de manger et de déféquer… exactement comme nous le ferions normalement. Dans ce système, des nerds héroïques — hors de vue et hors de l’esprit — prélèvent et analysent des échantillons d’eaux usées afin de nous dire si les taux de maladie sont préoccupants ou tolérables.

Imaginez maintenant que des décideurs politiques à courte vue décident de supprimer un tel système de surveillance, tout comme sa valeur et sa qualité pionnière sont célébrées dans le monde entier.

Le dépistage des eaux usées liées aux maladies infectieuses en Ontario est l’un des rares points positifs d’une réponse par ailleurs inégale à la pandémie de COVID. En l’absence d’un solide système de surveillance active, qui nécessiterait un dépistage aléatoire régulier d’un grand nombre de personnes pour diverses maladies — comme la COVID-19, mpox, le VRS et la grippe —, les scientifiques se sont fiés à quatre sources de données pour mesurer l’étendue de l’infection dans nos populations : les taux d’hospitalisation et de mortalité, le dépistage occasionnel des personnes qui se présentent malades dans certains hôpitaux (ce que nous appelons la « surveillance sentinelle ») et le dépistage des eaux usées.

Des quatre, les eaux usées sont la seule méthode qui capture presque tous les cas, en particulier les infections asymptomatiques ou celles qui ne sont pas assez graves pour obtenir des soins médicaux. Avec la fermeture des centres de dépistage de la COVID-19 et le manque de disponibilité des tests rapides à domicile pour la COVID-19 et d’autres maladies, les niveaux d’eaux usées ont peut-être été le meilleur indicateur pour informer le grand public sur le risque d’infection actuel. Et cette information est essentielle pour ceux qui doivent prendre des décisions quotidiennes d’exposition et de socialisation pour se protéger et protéger les autres contre l’infection.

Au-delà de son utilité pour les citoyens ordinaires, les données provenant des analyses des eaux usées éclairent la recherche en cours, par exemple pour explorer la saisonnalité de l’infection ou la propagation de la maladie en réponse à une variété de stimuli environnementaux. Mais la fonction la plus importante de tout système de surveillance des maladies infectieuses est peut-être de servir de système d’alerte précoce d’une vague ou d’une épidémie, permettant aux décideurs de planifier ou d’intervenir en conséquence.

L’Ontario a l’intention d’annuler les 59 sites d’analyse du réseau provincial de traitement des eaux usées, au profit d’un programme fédéral comportant plus de sites à l’échelle nationale, mais beaucoup moins dans cette province. À première vue, un programme géré par le gouvernement fédéral est tout à fait logique. Un programme fédéral peut être administré de façon centralisée, faire respecter les normes de déclaration des données et de qualité partout au pays, assurer un financement soutenu et faciliter les comparaisons internationales.

Cependant, le rythme souvent glacial du traitement et du partage des données fédérales peut compromettre les efforts locaux. À moins que les provinces aient un accès direct aux données brutes recueillies, le recours aux téléchargements fédéraux pourrait être problématique, selon le type d’architecture de l’information et les ressources à appliquer. Depuis l’épidémie de SRAS de 2003, le partage fédéral-local des données est une fragilité à laquelle les réformateurs de la santé publique ont cherché à remédier, avec plus ou moins de succès.

Une partie de cette fragilité tient à la nature des données elles-mêmes. Nos besoins locaux pourraient ne pas être considérés comme une priorité fédérale. Les épidémies communautaires de maladies spécifiques pourraient nécessiter des modifications rapides du régime de dépistage local dont le reste du pays n’aurait pas besoin. On ne sait toujours pas si cette souplesse sera intégrée au programme fédéral prévu. Si des cas de H5N1 étaient soupçonnés en Ontario, par exemple, est-ce qu’un appareil fédéral mettrait en place des tests locaux avec une rapidité significative? L’avantage singulier du maintien d’un système provincial est sa dextérité, sa capacité de pivoter à mesure que les crises locales se manifestent.

Le plus frappant est la résolution réduite offerte par un programme fédéral. Le plan actuel consiste à remplacer les 59 sites d’essai actuels de l’Ontario par un nombre inconnu, mais inférieur, de sites gérés par le gouvernement fédéral. Moins de sites signifie une capacité réduite à localiser les épidémies et donc à individualiser l’évaluation des risques. Cela rend notre système de surveillance moins puissant et moins utile.